L’économie sociale et solidaire (ESS) repose sur des principes forts : la primauté de l’humain sur le profit, la solidarité, la responsabilité sociale et environnementale. Ces valeurs sont au cœur du fonctionnement de nombreuses structures qui œuvrent pour un développement plus équitable et inclusif. Cependant, un phénomène intéressant émerge au sein de cet écosystème : la concurrence entre ces structures. Peut-elle exister dans un secteur dans lequel l’éthique et la coopération semblent être les maîtres mots ?
Une contradiction apparente : éthique vs concurrence
L’un des fondements de l’ESS est l’idée qu’elle n’est pas motivée par la recherche du profit, mais par des objectifs sociaux, environnementaux et territoriaux. Dès lors, la question de la concurrence semble paradoxale. Comment peut-on parler de compétition lorsque l’objectif principal est l’intérêt collectif et le bien-être du territoire ?
Pourtant, la concurrence existe bel et bien. Elle prend la forme de structures qui rivalisent pour des financements, des contrats, des partenariats, ou encore des parts de marché. À première vue, cela peut sembler incompatible avec l’éthique de l’ESS, où la coopération et la complémentarité entre acteurs devraient primer. Cependant, cette concurrence peut aussi être vue sous un autre angle, celui de l’innovation, de l’amélioration continue et de la diversité des modèles.
La concurrence bénéfique : un moteur de développement ?
La concurrence dans l’ESS peut stimuler l’innovation et pousser les organisations à se remettre en question. Dans un environnement en constante évolution, où les enjeux sont multiples et les besoins des territoires de plus en plus complexes, la diversité des initiatives peut favoriser une meilleure adaptation et une plus grande réactivité face aux défis.
De plus, une forme de concurrence peut permettre de sortir de la logique de « rente de situation » qui parfois s’installe dans des secteurs où les financements publics ou privés sont limités. En se confrontant à d’autres acteurs, une structure peut être amenée à améliorer ses services, ses pratiques et ses modèles économiques.
Les dangers d’une concurrence mal orientée
Toutefois, la concurrence dans l’ESS peut aussi prendre une tournure néfaste, notamment lorsque des facteurs comme l’ego des responsables ou la recherche d’enrichissement personnel prennent le dessus. Ce phénomène peut nuire à l’esprit même de l’ESS, où l’objectif est de servir l’intérêt collectif plutôt que de satisfaire des ambitions individuelles.
Lorsqu’une structure cherche avant tout à se distinguer des autres par l’orgueil de ses dirigeants ou par une volonté d’augmenter ses ressources financières au détriment des valeurs sociales, cela engendre une dynamique destructrice. Elle peut fragiliser l’ensemble de l’écosystème, en exacerbant la compétition au lieu de favoriser la coopération et l’alignement sur des objectifs communs.
Travailler ensemble : le vrai défi de l’ESS
Le véritable défi pour l’ESS réside donc dans sa capacité à trouver un équilibre entre compétition et collaboration. Bien que la concurrence puisse être stimulante, l’objectif doit rester l’impact collectif. Les structures de l’ESS doivent apprendre à coopérer et à partager leurs ressources, leurs savoir-faire et leurs bonnes pratiques pour maximiser leur contribution au développement du territoire.
Un secteur à réinventer ensemble
Dans un secteur où l’éthique prime, la concurrence doit être vue comme une opportunité de progrès, mais jamais au détriment des principes fondateurs de l’ESS. Les structures doivent éviter de se laisser guider par des ambitions personnelles ou par la volonté d’enrichissement individuel. C’est dans l’unité et la complémentarité qu’elles trouveront leur véritable force, en maximisant l’impact social et territorial de leurs actions.